• Concert du mardi 16 mars à l'ENS de Lyon : lieder et mélodies


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    Paul Claudel et la musiqueLe présent programme a été rédigé par cinq élèves de la section Arts de l'Ecole Normale Supérieure de Lyon : Pauline Bouchet, Nina Hugot, Ludovic Henne, Sacha Todorov et Pierre-Damien Traverso. Rassemblant une série de courtes notices librement écrites, il voudrait accompagner l'auditeur dans les méandres d'une histoire — celle du lied et de la mélodie — qui sera abordée à travers quelques jalons marquants, liés par de secrètes affinités.
    A commencer par un rapport privilégié à la poésie. Pour parler d'amour, les compositeurs en présence vont en effet puiser dans la poésie renaissante (Ronsard, chez Roussel), baroque (Tristan l'Hermite chez Debussy), romantique (Heine chez Schumann) ou moderne (Louise de Vilmorin chez Poulenc), comme si la mise en musique du sentiment ne pouvait faire l'économie d'une langue d'orfèvre, condensant la passion en quelques figures et vers essentiels.
    Aussi raffinées soient-elles, les œuvres de ce récital n'oublient pour autant jamais la simplicité des mélodies populaires ou des rythmes ancestraux : cet héritage-là constitue d'ailleurs l'un des autres dénominateurs communs aux pièces de ce récital. Marches militaires chez Mahler, réminiscences de flamenco chez Ravel ou lignes épurées d'une ancienne berceuse chez Brahms viennent patiner un art qu'on aurait tort de ne croire qu'élististe. C'est que le lied comme la mélodie aiment se divertir, cultiver l'ironie (Schumann, Mahler) et se griser de jeux de mots (Poulenc)...
    Reste qu'au-delà de ces tentations ludiques, lied et mélodie se retrouvent surtout sur un autre invariant, noble et douloureux celui-là : l'enquête que le je y mène sur lui-même. Dans ces pièces, le monde est l'envers du moi comme le moi l'envers du monde, au gré d'un balancement pendulaire qu'un troisième terme vient parfois perturber : l'être aimé (Schumann) ou un être ayant partie liée au sacré (le Christ dans la berceuse de Brahms, Saint-Michel et Saint-Georges chez Ravel). Parcourir les grottes, les sentiers, les bois ou les eaux dormantes, c'est ici se parcourir soi-même.

    Mais si le lied et la mélodie donnent à entendre une voix qui explore les cavités de l'âme, ne s'offrent-ils pas en même temps à l'auditeur comme une invitation à cheminer en lui-même ? En écoutant Der Lindenbaum ("Le Tilleul") de Schubert sur un gramophone, Hans Castorp, le héros de la Montagne magique de Thomas Mann, ne faisait pas autre chose que se déchiffrer lui-même... Et si nous suivions son exemple ?

    Florent Siaud
    (coordination, relecture et correction)
    allocataire moniteur en section Arts
    Ecole Normale Supérieure de Lyon




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